Suspension des motions dans les Assemblées provinciales : stabilité ou dérive autoritaire ?

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Dossier de Jonathan TSOBO DITUVANGA

La décision du Président Félix Tshisekedi de suspendre les motions et pétitions dans les Assemblées provinciales continue de diviser. Officiellement, elle vise à « stabiliser la gouvernance locale ». Mais pour beaucoup, il s’agit d’une atteinte frontale à la décentralisation et à la séparation des pouvoirs.

Une mesure contestée

Pour Me Henri Mupemba, juriste constitutionnaliste, la décision « viole l’esprit et la lettre de la Constitution ».

« Les Assemblées provinciales sont autonomes. Suspendre leur droit de contrôle, c’est piétiner la démocratie locale. »

Même son de cloche du côté des élus. Le député de la Tshopo, Bernard Luwala, déplore une dérive inquiétante :

« Nous ne pouvons plus interpeller nos gouverneurs même en cas de faute grave. On veut transformer les Assemblées en chambres d’enregistrement. »

Calcul politique ou souci de stabilité ?

Pour l’opposant Jean-Marie Kabeya, cette décision cache une stratégie de verrouillage politique avant les élections.

« Le pouvoir veut centraliser pour mieux contrôler.
C’est une manière de bâillonner les voix dissidentes au niveau provincial. »

Mais Christelle Makonga, analyste politique, nuance :

« Certaines motions étaient instrumentalisées à des fins politiciennes.
Le problème n’est pas le contrôle, mais son usage abusif.
Plutôt que de suspendre, il fallait réformer. »

Une démocratie en équilibre fragile

Le débat révèle une contradiction congolaise : entre le désir de stabilité et le risque d’autoritarisme.
Suspendre les motions, c’est suspendre une part du contrôle démocratique.
Or, la stabilité véritable ne vient pas du silence imposé, mais du dialogue institutionnel, de la transparence et du respect des lois.

En guise de perspectives

Pour sortir de l’impasse :
-Encadrer les motions, sans les supprimer.
-Former les élus provinciaux à la gouvernance responsable.
-Mettre en place un cadre clair de reddition des comptes.

La décentralisation n’est pas un caprice provincial : c’est un pacte démocratique.
Et ce pacte ne peut survivre que si le pouvoir central accepte le principe du contrepouvoir.

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